Michaël Dudok de Wit, réalisateur néerlandais installé à Londres parle dans un film : La tortue rouge, du passage du temps éprouvé par un naufragé sur une île déserte.
L’expérience du confinement, notre île pas tout à fait déserte, peut nous amener à méditer sur les deux sortes de temps : le temps linéaire et le temps circulaire.
Les Indiens ont une conception différente du temps. Une chose arrive quand elle arrive. Leur temps n’est pas linéaire mais circulaire. Tout ce qui est important est rond, n’a ni début ni fin et se rejoint toujours. Dans le cercle de la vie, les personnes âgées et les bébés sont les plus proches les uns des autres. Ils sont aussi les plus proches du monde des esprits, du spirituel, parce qu’ils en viennent ou le rejoindront bientôt.
Dans le temps circulaire, on ressent le temps présent en ayant l’impression de vivre des cycles qui recommencent de façon régulière.
La lumière du lever au coucher du soleil, dont le rythme variera peu. Les enchaînements des saisons, le cycle de la lune.
Les rythmes du temps circulaire nous permettent de lâcher-prise : avec ou sans notre permission, chaque jour le soleil va se lever et se coucher, ce qui nous permettra de voir que la lune en fait autant.
Le temps circulaire n’est possible que si nous faisons pleinement confiance au présent.
Vivre vraiment « Tout ce qui vient est bien ».
Etre totalement dans le présent, nous interpelle sur nos peurs : peur de dupliquer le passé, peur de l’inconnu, de l’avenir.
J’aime beaucoup cette démarche de méditation au réveil où je remercie pour ce que ce jour m’apportera. Cela signifie que tout ce qui me sera offert comme expérience, viendra exactement combler ce dont j’ai besoin pour croître… même si parfois c’est si difficile à croire.
Dans le temps linéaire, on s’imagine toujours dans l’avenir ou dans le passé.
Trop souvent nous vivons au rythme du temps linéaire, nous projetant tout le temps et avec stress dans un futur que nous voulons remplir d’assurances, de certitudes, de sécurité ; où il n’y a pas de place pour l’inconnu et de ce fait aucune place pour « le rien ».
Ces deux concepts du temps vivent simultanément, mais le confinement nous a obligés à renouer avec le temps circulaire, plus en phase avec notre horloge biologique.
Le confinement ne nous a pas donné le mode d’emploi du temps présent. Il n’y a plus de rythme imposé, à chacun de nous d’organiser notre temps. Comment créer de nouveaux modes de relation, de travail ? De quoi avons-nous vraiment besoin ?
Il n’y a pas lieu de privilégier l’un ou l’autre, ils doivent cohabiter, mais en juste équilibre Tolle fait la différence entre le « temps horloge », utile pour gérer les aspects pratiques de la vie et le « temps psychologique », vivre émotionnellement dans le passé ou le futur.
Le premier est utile et incontournable, le second est trompeur : se nourrissant de ce qui n’est plus ou de ce qui n’est pas encore. Il renforce notre mental et sa production de croyances, de peurs et d’illusions, et nous coupe ainsi de notre vraie nature.
Prenez-vous appui sur le présent pour construire un projet, une pensée, ou bien êtes-vous coincé dans le passé ou angoissé par vos projections dans le futur ?
Lâcher-prise, c’est accepter le moment présent inconditionnellement et sans réserve.
Eckhart Tolle ajoute que « le lâcher-prise vient quand vous ne vous demandez plus : Pourquoi cela m’arrive-t-il ? »
Se dire : d’accord, ici et maintenant c’est comme ça, c’est arrivé, permet de baisser la pression et de passer à l’action, c’est-à-dire faire au mieux avec ce que la vie nous envoie.
La souffrance émotionnelle ou affective que l’on ressent dépend du degré de résistance au présent, car « le mental cherche toujours à nier le moment présent et à s’en échapper. »
« La vie s’est ralentie et j’ai donc plus de temps pour l’écouter »
Eliane de Kerchove
Novembre 2020